Ce matin, je dois avouer que le réveil sur les pavés du lavoir fut assez douloureux. On a beau s'être endurci, le moelleux du pavé de 20x20 en pierre brute reste très discutable. L'ouverture du premier oeil me fit immédiatement connaître le programme météo de la journée. Officiellement, nous étions passés de "pluie intermittente" à "averses". Bon nous en Bretagne, on résume le truc en disant "Quel temps, c'est pas possib !". Ici, nous sommes en centre France, et il y a des nuances de langage qui m'échappent complètement. C'est juste pluie, pluie, pluie. Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, me voilà en panne de gaz. Ce qui veut dire pas de café ! Et là, on ne rigole plus, l'heure est grave ! Heureusement, en arrivant la veille au soir j'avais repéré le logo Camping Gaz sur la vitrine de l'épicerie-dépot de pain-quincaillerie-bazar-etc. C'est donc confiant que j'enfilai mon k-way. Vous devinez la suite : "Mon pov' monsieur, j'en ai plus !" Je suis con, j'aurais dû m'en douter. Mais je ne m'avoue pas vaincu pour autant : direction la mairie. Accueilli par une charmante jeune fille, et expliquant mon désarroi face à l'absence de toilettes sur la place du village, je m'en sortis par un magnifique doublé : besoin du matin et remplissage de gourde par de l'eau chaude. C'est qui le plus fort, tous en coeur : "C'est Rico !"
La route et l'arrivée à Gien, je les ai vécues avec dans la tête une mission prioritaire absolue : trouver du gaz ! Le Auchan du coin se fit un plaisir de me satisfaire. J'en profitai pour acheter des victuailles énergétiques : crêmes au chocolat, tripes à la mode Caen, cake anglais, barquette tête de veau-vinaigrette-patates. Pas la peine de faire vos mijorées les filles, vous croyez peut-être qu'on fait faire 30 bornes au Rico, sous l'eau, en le nourissant de carottes-concombres ? De plus, je vous signale que le temps le permettant, je me suis payé un camenbert lait cru. Si ! Si ! Vu les températures, ça risque rien. Le temps de faire une photo aux toilettes et me voilà reparti. Je trouvai abri sous un barnum et m'installa une table de chasse et une chaise pour une vue imprenable sur la Loire. Au passage, je tiens à remercier toutes les communes traversées pour le matériel communal prêté à l'insu de leur plein gré.
Après-midi de labeur, sous le même temps enchanteur évidemnent. Je me faisais une joie de passer à Briare. J'adore cet endroit. Son pont canal est une construction que je trouve très poétique. L'idée que des bateaux prennent un pont pour passer dans les airs, au-dessus d'un fleuve, cela a un côté surréaliste. C'est du Magritte, réalisé à la lumière d'un temps où la notion de progrès faisait naître les utopies. Bon, on redescent, la visibilité était tellement mauvaise que j'aurais tout aussi bien pû me retrouver au début de l'autoroute de Maubeuge. A Briare, j'ai fait une pause chocolat chaud au tabac-café-pmu-loto-rapido-sandwichs. Juste assez pour voir une femme dillapider en 30mn mon budget de la semaine en jeux à la con. Triste opium !
Encore 13 km et me voilà à l'étape. Bonny est ma dernière ville sur Loire. Demain, en reprenant mon chemin, j'aurai quitté mon fleuve. J'apréhende un peu, nous nous étions apprivoisés. Mais pour le moment, ce soir c'est grand luxe. Tout étant archi trempé, je me suis aménagé ma chambre dans un espace lavabo fermé du camping. Eau, électricité, toilettes, sans sortir dehors. Bizance, je vous dis !
Bonne nuit tout le monde.