Me revoilà. Je sais, les livraisons de textes sont irrégulières ; mais pas simple de charger le téléphone quand je ne suis pas au camping. Alors, quoi qui c'est passé hier, pour cette 20 ème journée ? D'abord, j'ai pris mon temps pour tout plier. Il faut dire qu'avec la pluie de la nuit, j'ai dû attendre que la tente sèche. Petit arrêt à l'office de tourisme de St Benoît, tenu par une dame très sympa. Il manquait le feu de cheminée et je crois que j'y serais encore. Mon bon, vous savez ce que c'est, le devoir est plus fort (Oui ! oui ! Vous pouvez poussez un petit cri admiratif !).
Je fis ma pose devant Sully, sous le porche d'une église. La température commençait à descendre et je fus obligé d'enfiler les affaires du soir. La pose finie, vers 14h, les hostilités démarrèrent. Le crachin (le même qu'en Bretagne diraient les mauvaises langues) s'installa au-dessus de ma tête. Puis, tout se ligua pour que je passe une après-midi merveilleuse. J'ai d'abord dû avaler 5 km sous une voûte végétale qui me forçait à avancer courbé, afin que le sac à dos puisse passer. Pendant que les cuisses et le dos étaient mis à rude épreuve, mon bâton écartait les branches et dégageait les orties. Vous avez vu "La belle au bois dormant" ? Et bien voilà, j'étais comme ce pauvre prince tentant désespéremment de se frayer un chemin dans une forêt de roncier. Si encore à la sortie j'avais eu le droit à la princesse ; mais rien du tout. Au contraire, vas-y que je t'en remettes une couche. Cette fois, je devais enchaîner sur une longueur de 3 à 4 km de hautes herbes. Là encore, mon bâton me sauva la mise en acceptant de se transformer en coupe-coupe. Epuisant ! un peu plus loin je croisai un couple qui m'expliqua que le chemin d'où je venais, n'avais pas vraiment été dégagé cette année. Ah ! Si je connaissais le con qui s'occupe du GR dans le secteur... C'est donc épuisé et transi que je fis une pose sous un arbre dans une position foetale (Celle qui donne le moins de prise au vent), en ingurgitant force bananes avec du lait concentré sucré, du cake au fruits confits et du chocolat. Il fallait du lourd, je vous assure. Aprés ce cocktail hyper calorique, les 8 ou 10 derniers km m'attendaient. Cela n'aurait absolument pas été drôle si la bruine ne s'était alors transformée en une pluie battante. Quelle joie ! Je croisais alors devant la centrale nucléaire de Dampierre. Je dégoulinais de la tête au pied, comme les gigantesques tours de refroidissement du site. Vous imaginez l'état de votre Rico en arrivant sur Nevoy vers 20h30. Je trouvai assez vite le lavoir et m'y installa pour la nuit. Non sans que Fabrice, un gars d'à côté, sans doute par pitié, vint m'apporter un café chaud. En plus, je sais que le Fabrice il avait fallut qu'il se batte avec sa bourgeoise pour refaire du café. Elle, elle voulait pas m'en donner. En tout cas, pas au moment où j'avais frappé à la porte pour demander de l'eau. C'est mon premier Fabrice du parcours. Dans mes amis proches, j'en connais deux. L'un est ingénieur AM, l'autre prépare une thèse. Celui de Devoy, il est garanti sans bac plus quelque chose (ou alors thésard en boisson pas sans alcool) ; mais il a quand même bravé son dragon pour me réchauffer. Merci à lui d'exister. Je me coucha au sec, protégé par le toit de mon abri et heureux d'avoir pu garder suffisament de batterie pour entendre ma fille après 5 semaines passées aux Philippines.