Si le gars Rico, il ne s'est pas effondré dans les premiers jours et qu'il a pu boucler les 450 premiers km sans trop souffrir, c'est qu'il a triché !  En effet, je l'avoue, je ne suis pas parti seul. Toute une équipe d'assistance m'attend chaque soir au bivouac : kiné québécois, chef étoilé, staff de masseuses, routeur expérimenté, mécanicien-cordonnier, etc... Faut que j'arrête la coke, je délire.
Non. Par contre, ce qui est vrai, c'est que j'ai eu des préparateurs physiques hors pair :
. Il y a d'abord eu Willy, un type que, jusque là, j'aimais vraiment beaucoup. Mon Wilbert, diplômé dans le domaine, m'a concocté des séances de sport pendant quelques semaines. Sauf que le personnage s'est avéré d'une perversité épouvantable. C'est le genre de type qui vous fait monter des escaliers en courant, en vous expliquant "allez Eric, tu en auras besoin dans le Jura". Qu'est ce qu'il en sait, après tout c'est peut-être plat le Jura ? En plus, il ne sait pas compter, la preuve : Il vous dit "on fait 4 tours de terrain, tranquille". Résultat : T'en es au septième et le mec, il te sort : "allez encore un et c'est fini !". Bref, j'en suis certain : c'est pas un préparateur sportif, c'est la réincarnation d'un bourreau de l'inquisition !  Merci à toi de m'avoir fait souffrir.
. Puis ce fut Didier, le gars qui vous guette plusieurs soirs par semaines pour vous emmener marcher jusqu'à pas d'heures dans les chemins de Lampaul. Vous arrivez du boulot, à peine descendu de la voiture que vous voilà dans les chemins creux avec un gros sac sur le dos. Merci à toi de m'avoir accompagné dans mes marches d'entraînement.
. Enfin, Aurélien, mon encadrant kayak du Centre Nautique de Roscoff. Lui, ce serait plutôt le sournois. Jugez plutôt : Une semaine avant de partir en périple, me voilà inscrit à une sortie de deux jours en kayak de mer pour une découverte de la côte de granit rose. Je me dis que 35 km à la force des bras, le long de la côte, c'était plutôt une bonne idée pour préparer mes bras, mes épaules et mon torse à l'effort de longue durée. ...Et puis, une fois sur l'eau, avec toutes vos petites affaires, le Aurélien en question, il vous explique que ce serait dommage de ne pas aller vers l'île Rouzic, celle où nichent tous les oiseaux, et forcément la plus éloignée. Oh ! et cette île Milliau devant Trébeurden, trop bête de ne pas faire le tour ! Résultat : 50 km avec nos petits bras ! En plus, question portage des kayaks, on les a portés chargés sur environ 500m (comme si il n'y avait pas d'endroit de bivouac plus proches de l'eau). Fred, troisième luron du trio de kayakistes cinglés que nous formions, n'ayant rien dit ; timide comme je suis, je n'ai rien osé dire non plus. Merci à toi pour le plaisir sur l'eau et de nous avoir traîné parmi les fous de bassan, les macareux, les cormoran, etc...

Même pas fâché