Grand soleil ce matin encore, très beau panorama sur la campagne de Gouloux. Putain, j'avais oublié ; c'est vrai que je suis à Gouloux !
Ayant eu quelques petits problème gastriques (jambon fromage du hollandais ?) et les températures annoncées au-delà de 30 Cº, me font prendre la décision de ne faire aujourd'hui qu'une demi-étape. Deux jours à petit rythme seront bienvenu. Après tout, on est pas des boeufs.
Tiens donc, en parlant de... (non, je n'oserais pas !), v'la ti pas que deux paires d'yeux m'observent depuis le vélux entrouvert. Regardant fixement la fenêtre de toit, je me fendis d'un énorme "bonbour !". Les yeux disparurent quelques secondes, puis réapparurent. Je lancai un grand "Vous avez fait un gros dodo ? Moi, je vous remercie j'ai très bien dormi". Cette fois, plus d'yeux pendant un moment.
Ayant besoin d'eau potable pour mon p'tit déj, me voici gourde, téléphone et chargeur en main en direction d'une zone plus peuplée. Il n'était pas 8h. Une jeune maman très sympa me donna bien volontiers de l'eau et pris mon téléphone en pension pour les deux heures que durent mon premier repas de la journée et la mise en sac du barda. Elle m'informa aussi sur mes nouveaux amis du village : "Oui, ils sont pas très... Et je crois que ça picole". Vu comme ça !
Une fois mon rangement fait, j'avais, en anthropologue consciencieux, décidé de mieux comprendre la vie de mes deux zigotos. La bibine ok, mais il y avait plus, je le sentais. Je prétextai un besoin de remplir ma gourde pour aller sonner. Au bout d'un long moment, le mâle, assez appeuré par la venue de l'étranger, ouvrit la porte. "Rebonjour ! j'ai besoin d'eau pour me gourde, il va faire chaud !" L'indigène : "Ça je peux !" Pendant qu'il partit remplir l'objet, j'eus tout loisir d'observer l'intérieur :
- béton brut au sol
- un buffet qui sentait l'héritage
- une table avec deux chaises positionnées du même côté, en face de la chose principale : le poste de télévision.
- divers jeux de grattage, déjà grattés, posés à côté de l'évier. - quelques bouteilles vides dans un coin de la pièce.
Rico : "Alors on vit bien à Gouloux ?"
L'indigène : "Pas grand chose à faire"
Rico : "Vous allez faire quoi par exemple aujourd'hui ?"
L'indigène : "Vais attendre les 12 coups de midi."
Rico : "Vous devez bien les entendre vu que le clocher n'est pas loin" Là, j'ai vu que le gars me regardait comme si j'étais un extra-terrestre".
L'indigène : "Ben, les 12 coups de midi, l'émission sur TF1" ...on est toujours l'ignorant des autres.
Rico : "Puis après c'est les informations ?"
L'indigène : "sur TF1, avec Pernaud"
Le Lay avait fait scandale quand il avait dit "notre métier c'est de vendre du temps de cerveau disponible". Il avait été partiellement honnête. Pour être complet, il aurait dû rajouter : "ne vous inquiétez par chers annonceurs ; nous nous chargeons aussi de les vider. La prestation est complète. Combien de millions de personnes sont-elles lobotomisées, ont-elles leur imaginaire totalement vampirisé par ces trois fléaux : l'alcool continu, les jeux d'argent et ...Jean-Pierre Pernaud. Des trois, seul ce dernier ne comporte pas de mention "tout abus est dangereux...". Il faudrait y penser. Je quittai mon sujet d'étude et retournai chercher mon téléphone ...qui n'était pas du tout chargé ; la dame ayant mal mis la prise. Encore une journée sans téléphone et le retard qui s'accumule pour le blog. Je crois que j'ai couru pour quitter Gouloux.
A suivre