Et bien mes enfants, vous parlez d'une journée laborieuse ! Si j'y arrive je vous mettrez la photo de votre Rico au réveil, sous la pluie. Cela donne au moins le prétexte de prendre son petit dej au lit. Le matin, c'était raisonnable ; mais l'après-midi, c'était le déluge ! Un chemin chaotique, éloigné de tout, avec des cailloux juste de la taille idéale pour vous faire croire que vous marchez pieds nus sur un lit de fakir ! Je devais avancer à 3km/h de moyenne, et encore. En plus, la pluie était glacée. Moi je croyais que des conditions pareilles ça existait pour le mois de novembre ; mais pas pour juin. Faites-moi penser à poser une réclamation. Bref, j'arrive à Villandry vers 17h (très en retard sur le programme) trempé, transi et exténué.
Pas un troquet, fermé partout, personne ...au secours !
Je trouve toutefois abri sous une petite avancée de salle municipale, où des tables de chasse étaient déposées. J'en pose une par terre pour me faire un sol à peu prés propre. En guise de réconfort, j'ingurgite alors une boite de maquereaux moutarde sur du pain, une banane et des cerises confites (Oui je sais, je ne me refuse rien !), puis j'enfile un t-shirt sec. Mais j'ai encore froid.
C'est là qu'apparaissent deux personnages : Nathalie, une maman courage qui élève seule son petit bonhomme et son papa Jean-Noël. Ils étaient venus prendre les tables pour le vide-greniers du lendemain organisé par les parents d'élèves, dont bien sûr Nathalie fait partie. Me voilà dérangé, mais content de voir quelqu'un. Vous me connaissez ; je n'ai pu résister au plaisir de donner un coup de main à tout mettre dans la camionnette ...et à me réchauffer par la même occasion. La Nathalie me faisait trop penser à mes copines lampaulaises Laëtitia et Stéphanie, prêtes à remuer ciel et terre, et mobiliser l'entourage pour donner de la vie aux choses. De bien belles personnes. Jean-Noël m'a un peu pris pour un fou quand j'ai refusé de monter avec lui jusqu'à mon point suivant, Savonnières. On va quand même pas craquer parce que l'on est trempé et fourbu !
Me voilà reparti sous une pluie elle aussi requinquée. Il pleuvait à seaux. J'arrive une bonne heure plus tard devant le camping. Mais vu l'état du ciel, je n'avais pas la force de tout déplier. Tout dégoulinant, et quelque part persuadé qu'une autre issue allait se présenter, le temps de passer à la boulangerie 3mn avant la fermeture, me voilà reparti. Après avoir sérieusement envisagé la nuit dans les toilettes publiques et 1500m de plus, voilà que je tombe nez à nez avec mon Jean-Noël qui était sur le pas de sa porte. Evidemment, voyant mon état et l'heure avancée, il me proposa l'hébergement. J'acceptai immédiatement. Mais chez Jean-Noël c'est tout petit ! Lui vint alors une idée : "J'ai une serre tunnel sur votre route à 2km, j'y ai mis de la paille fraiche l'aut' jour. Je vous donne les clefs et je viens les reprendre d'main matin".
C'est donc comme ça que je me suis retrouvé très confortablement installé, et sec, pour passer la nuit. Ce matin, il était là à 9h30 comme prévu. Je suis reparti avec 6 oeufs et refait à neuf. Merci à toi Jean-No ! Parcequ'un lit de paille fraîche dans ces conditions, croyez-moi, c'est 100 fois mieux qu'un relais-Châteaux en temps ordinaire.
Faut me faire penser à vous donner la prière du pélerin. Elle s'applique bien ici.

Ne soyez pas étonné si certains jours il n'y a rien, charger mon téléphone est toujours très problématique